La Jungle^(BE)

𝐋𝐀 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐋𝐄
BE - Duo Math-Rock Noise

Jim & Roxie empruntent les codes traditionnels de la noise, s'en réapproprient des bribes et bouclent le tout pour répéter compulsivement des séquences toujours conçues live. Une spontanéité hypnotique et volontairement lancinante, à la limite de l'interminable, qui s'octroiera à l'occasion quelques brèves impulsions doom orientales ou une épique bifurcation métal au beau milieu d'une épopée kraut-rock. Si La Jungle est souvent définie comme un duo math-rock, ses deux noisers préfèrent parler de techno à guitare déflagrante, à batterie frénétique et à Casio pour gamin, sauvage et effrontément dansante. Welcome in the… trance !

𝐐𝐎𝐍𝐈𝐀𝐊
CH - Technoïde Grungy Funk Improv'

QONIAK, c’est d’abord une histoire de potes rencontrés au gymnase, puis qui se retrouvent des années après sur les bancs de l’École de jazz de Lucerne. Deux garçons liés par un même goût de l’improvisation et du dynamitage des formats admis qui bientôt partagent un local de répétition à Bienne. En 2005, ils s’y enferment. Mais sans but précis. Sinon le plaisir de jouer, de chercher au hasard et peut-être d’en rire, leur affection pour le duo clavier-batterie hors limites de Thomas Lehn et Paul Lovens ou l’album Dada Da (1993) de Phil Minton et Roger Turner dans le viseur. Et puis rapidement, quelque chose prend. Qu’un tempo démarre, l’un jette illico une idée sur laquelle rebondit aussitôt l’autre, le rythme retombant ensuite d’un coup net. Ça les fascine alors, ce qu’ils créent ensemble: cette célébration musicale ouverte, complice, riche, urgente, trempée dans un esprit rock-punk intuitif et déréglé. Ça les fascine cet art hypnotique et cru proche du drone hymnique, et ils veulent le rendre public. C’est chose faite peu après lors d’un concert underground donné au Depobar: un micro-lieu alternatif biennois saturé dès que 30 personnes s’y pressent où les fûts de Lionel jouent des coudes avec le Pro-One de Vincent. Sauf qu’avant d’y monter sur scène, il leur manque encore un nom. «QONIAK» est finalement choisi sur un coin de table. «Qo» parce qu’il signifie «co». «Niak» car il traduit la fringale du duo pour la perte des sens lorsque la musique charrie l’ivresse. Le gig en question? Un carton. Pourtant, l’envie de réaliser un disque est repoussée puisque des collaborations de rang attendent: Pedro Lenz, Greg Osby ou Yannick Barman pour Vincent. Marc Ribot, Lucien Dubuis ou Malcolm Braff pour Lionel. Ensemble, enfin, ils assurent la rythmique chez Christy Doran’s New Bag, OZMO ou dQtç.

En 2013 finalement, QONIAK s’isolent quelques jours au Studio Mécanique à La Chaux-de-Fonds où s’improvise Sentient Beings («Êtres sensibles»), sorte d’OVNI à onze étages bourré de textures SF bizarres sur lesquelles s’invitent la chanteuse Joy Frempong et le guitariste Flo Stoffner. Pour politique: des paires de baffes en déluge. Pour boussole: un engagement inconditionnel, impératif, absolu. Pour ciment: une idée haute de la liberté que le duo traduit sur scène par ses dialogues télépathiques, ses riffs barbelés, ses ruptures abruptes et ses chocs telluriques. On en sort rincé et requinqué. Sept ans plus tard: bonne nouvelle! MUTATIO paru, Vincent et Lionel lustrent à nouveau leur arsenal pour, où l’on voudra le feu, s’en retourner sur les routes célébrer l’envie et l’instinct.